Faire bouger les lignes


Dans une photographie, il n’y a pas qu’une image. Il y a celle qui a été pensée et réalisée, et celle qui est reçue. Parfois elles coïncident, parfois non. Et il vaudrait mieux que non, ça serait bon signe ; signe que l’image déborde du cadre, que les lignes de forces qui la constituent trouvent le chemin de celui qui la regarde.

Les photographies que je réalise travaillent en de ça et au-delà de l’image, comme un champ de transit. Je traite mes sujets en position, orientés qu’ils sont par leur histoire, celle passée, celle à construire. C’est par le biais que je les saisis, non pour fuir le face à face, mais pour en ménager de possibles perspectives. Je m’applique à explorer des situations préexistantes dont je prélève les composantes formelles qui nourrissent mon travail.
Je cherche à déplacer mon regard - et le regard de celui qui regarde - de l’objet, dont le degré d’obsolescence et de présence au lieu lui attribue une puissance d’image.

L’étude de la sculpture lors de ma formation m’a permis de construire un champ de références qui alimente mon projet artistique. J’ai retenu de la sculpture minimaliste sa capacité à reconfigurer l’espace qui l’environne, et je tente de reconduire cet axe dans les images que je réalise, non par simple goût formel mais bien pour tenter de faire bouger les lignes.

co-écrit avec Guillaume Ertaud